Économie
La mise en œuvre des options socialistes du Front de libération nationale (FLN
) après l'indépendance a entraîné une véritable mutation de l'économie algérienne.
Mais en faisant reposer cette économie sur les ressources en hydrocarbures,
alors que la production du secteur agricole ne permet pas de subvenir aux
besoins d'une population en accroissement extrêmement rapide, l'État algérien
a construit un édifice fragile. Le processus de libéralisation de l'économie,
amorcé depuis 1982 et accéléré en 1993, vise à redresser cet état de
choses, mais le climat de guerre civile compromet sa réalisation.
Agriculture
Première richesse de l'Algérie coloniale, l'agriculture, qui exportait à l'époque
vin, blé, agrumes et liège, ne subvient plus aujourd'hui que pour un tiers aux
besoins alimentaires du pays. Les conditions climatiques, il est vrai, ne sont
guère favorables, sauf sur une infime partie d'un territoire à 80 % désertique,
et à 10 % recouvert par la steppe. Dans les 10 % restants, seul un tiers est
constitué de plaines et de vallées suffisamment fertiles, mais menacées par
l'urbanisation et la dégradation des sols, et souffrant souvent de la faiblesse
de l'irrigation.
Toutefois, la politique suivie dans
ce domaine, depuis 1962, est largement responsable de la médiocrité des
performances. Tout d'abord, l'agriculture n'est pas la priorité d'un pays qui
consacre l'essentiel de ses moyens au décollage industriel. Ensuite, en réponse
à la soif de terre qu'exprimait, entre autres, le combat pour l'indépendance,
la direction politique a choisi de répondre par une collectivisation des sols
(les propriétés étrangères en 1963, puis les terres algériennes à partir
de 1972 ) qui se révèle rapidement contre-productrice, mais – pour des
raisons idéologiques – difficile à amender. La nécessité de faire face aux
pénuries a conduit toutefois à des réformes qui, à partir de 1984, ont amené
un début de redressement dans le domaine des produits maraîchers et de
l'aviculture. En même temps qu'il met progressivement fin au système
socialiste, l'État encourage le développement des cultures irriguées dans le
sud du pays. Ces améliorations partielles devraient faire place, aujourd'hui
que sont levées les hypothèques structurelles, à une véritable politique de
développement global.
Ressources minérales et énergétiques
Les ressources de l'Algérie en métaux non ferreux sont assez variées et
abondantes : plomb, zinc, cuivre et mercure dans le nord du pays, mais aussi or,
étain, wolfram et surtout uranium, qui ont été découverts au Sahara, où ils
ne sont pas pour l'instant exploités. Quant au fer, la production des mines d'El-Ouenza
(au sud d'Annaba ) diminue, mais les réserves de Gara Djebilet, dans le
sud-ouest du pays, difficiles d'accès, sont estimées à trois milliards de
tonnes ; elles feront un jour de l'Algérie l'un des plus gros producteurs
mondiaux.
Ce sont les hydrocarbures qui
constituent la principale ressource naturelle du pays : les exportations de pétrole
et de gaz assurent à elles seules 95 % des ressources en devises de l'Algérie.
Découvert en 1950 à Hassi Messaoud – le plus important gisement saharien
–, le pétrole algérien dispose de réserves évaluées à 1 255 millions de
tonnes au début de 1993, soit 0,9 % des réserves mondiales, alors que la
production annuelle est de 37 millions de tonnes [1994 ]. La richesse en gaz est
beaucoup plus considérable : le gisement de Hassi R'Mel, au nord de Ghardaïa,
est l'un des plus importants du monde. Au total, avec 3 650 milliards de mètres
cubes, le gaz algérien représente 2,5 % des réserves mondiales. La production
(62,1 milliards de mètres cubes ) [1996 ] est exportée à 70 % sous forme liquéfiée
à partir des usines d'Arzew.
Industrie
C'est sur la base de ses richesses en
matières premières que l'Algérie indépendante entreprend, dès la fin des
années 1960, une politique volontariste de développement économique fondée
sur la théorie socialiste de l'«industrie industrialisante », véritable
marche forcée vers le progrès, à laquelle elle consacre la quasi-totalité
des revenus des hydrocarbures. Le pays se dote d'abord d'une industrie lourde :
une aciérie à côté d'Annaba, puis des industries métallurgiques et mécaniques,
des raffineries, des usines pétrochimiques produisant matières plastiques et
engrais, des fabriques de matériaux de construction, des usines textiles et
agroalimentaires. Jusqu'au milieu des années 1980, c'est à des entreprises
nationales, jouissant chacune d'un monopole dans son secteur, qu'est confié le
développement économique du pays, suivant les directives fixées par les plans
quinquennaux. Après un démarrage encourageant, marqué par des taux
d'investissement considérables, le mauvais fonctionnement – dû à un excès
de centralisation et à l'absence consécutive de motivation du personnel des
entreprises nationales – entraîne une chute dramatique de la productivité
dont l'ampleur ne peut être supportée que parce que les cours des
hydrocarbures sont élevés. Lorsque les cours baissent, en 1986, le fardeau
devient insupportable, ce qui conduit le gouvernement à adopter des réformes
d'inspiration libérale. Longues à mettre en œuvre, ces réformes, appelées
à assainir puis à faire redémarrer l'économie, entraînent dans un premier
temps un dangereux accroissement du chômage.
Commerce et services
Le monopole étatique du commerce extérieur et un strict contrôle des changes,
instaurés parallèlement à l'étatisation de l'industrie, ont entraîné pénuries
et marché noir ; le commerce intérieur, pour sa part, contrôlé par des
centrales d'achat, est sujet à de fréquentes ruptures de stocks.
Depuis 1967, la part des
hydrocarbures dans les exportations devient de plus en plus hégémonique ; dans
les importations, c'est la part des produits alimentaires et des biens de
consommation qui ne cesse de croître. La France reste le premier partenaire de
l'Algérie, devant les États-Unis, l'Italie et l'Allemagne.
L'Algérie s'est dotée
d'infrastructures de qualité tant en ce qui concerne la distribution électrique
que les transports. Un réseau routier d'une densité inconnue dans le
tiers-monde, des transports aériens intérieurs et extérieurs relativement développés
facilitent la circulation des hommes et des marchandises. Des retards ont
toutefois été pris, notamment dans les plus grandes villes, en matière
d'urbanisation et d'adduction d'eau. Le rythme des constructions, non négligeable
pourtant, n'a pas été en mesure de faire face à la croissance de la
population et à l'exode rural, causant ainsi une crise du logement d'une
ampleur exceptionnelle.
© 2001 Hachette Multimédia / Hachette Livre
<%endif%>